La Tristesse en Médecine Chinoise : quel est son mouvement ?

Toujours en remontant nos Cinq Éléments, après la Colère et la Peur, nous arrivons à la Tristesse.

Je ne parle pas de la tristesse passagère qui peut s’emparer de nous lorsqu’on lit ou visionne quelque chose de triste ou mélancolique, non.

Je parle du sentiment qui nous colle à la peau sans relâche lorsque nous avons perdu un être cher, lorsqu’on ne se remet pas d’un traumatisme, lorsqu’on porte un poids trop lourd, que tout nous paraît à la fois vain, futile, immensément difficile, et nous conduit si facilement au découragement ou au désespoir.

La Tristesse, reliée à l’Automne, au couchant, à tout ce qui se termine, et dans le corps résonne avec le Poumon, a un mouvement très particulier : elle dissipe.

Le Poumon est appelé en Médecine Chinoise le Maître du Qì. C’est lui qui diffuse le Qì dans l’organisme à travers la respiration, et il a un lien privilégié avec la peau.

La Tristesse va donc dissiper le Qì, le laisser s’échapper en quelque sorte. Et notre vitalité avec ! Les frontières de notre corps se floutent, nous devenons poreux.

Voyez-vous le danger ?

Si un accès de chagrin avec grosses larmes nous donne facilement sommeil, une Tristesse installée provoque quant à elle une fatigue chronique, écrasante.

Apathie. Hébétude. Plus d’élan pour rien.

La fonction de diffusion du Qì du Poumon est altérée : on ne respire pas bien (les sanglots !), on devient frileux (l’énergie ne circule plus de manière optimale, elle n’est plus dirigée) et surtout la fatigue est là en permanence.

La position typique de quelqu’un de triste est le repli sur soi-même, le recroquevillement, comme une tentative de contrer la dissipation, de retenir ce Qì qui s’échappe de nous.

Le Poumon ayant ce lien privilégié avec la peau, soyez très au contact de vos proches atteints de Tristesse ! Le toucher est LA première source de réconfort.

En permettant au corps de redevenir conscient de ses frontières afin que cesse l’hémorragie de Qì, en refermant les pores, le toucher ouvre le lent chemin de la guérison.